Rapport Mairin Bila Baikra : les voix des Femmes autochtones

Ces dernières années, la question des violences contre les femmes autochtones en Amérique latine a gagné en visibilité et d’importantes recommandations ont été formulées par l’Instance permanente sur les questions autochtones et d’autres organismes internationaux afin que les différentes agences des Nations Unies et les gouvernements du monde tiennent compte des particularités de la réalité des femmes autochtones pour élaborer des stratégies de lutte contre les violences contre les femmes et les filles.

Cependant, l’un des obstacles à une meilleure compréhension des violences à l’égard des femmes autochtones et à la définition de programmes et de stratégies pour son éradication est le manque d’informations disponibles pour expliquer, du point de vue des femmes autochtones elles-mêmes, les différents enjeux.

En ce sens, la nécessité de générer des données à la source à partir d’expériences vécues est devenue évidente. Il est temps d’écouter les voix des femmes autochtones, leurs histoires, leurs souffrances, leurs espoirs, leurs propositions et leur force pour le changement.

Depuis plusieurs années, le FIMI accompagne les organisations autochtones dans leurs processus pour mieux comprendre la situation de violences qu’elles vivent et ainsi mettre en œuvre des stratégies de prévention, d’élimination et de guérison des violences. En 2006, le FIMI a produit le document « Mairin Iwanka Raya : les femmes autochtones face aux violences », un rapport complémentaire à l’étude des Nations Unies sur les violences contre les femmes au niveau international. Ce document est considéré comme la première tentative des organisations de femmes autochtones de conceptualiser le problème des violences et constitue la base de tous les travaux ultérieurs.

Dans ce contexte, depuis le Forum international des femmes autochtones, nous avons proposé une stratégie de recherche interculturelle basée sur une méthodologie interactive qui nous permet non seulement de contribuer à la théorisation des savoirs ancestraux en récupérant certaines valeurs pour la formulation de stratégies anti-violence et de guérison spirituelle, mais aussi d’utiliser les données collectées comme outil politique pour le plaidoyer et la transformation structurelle.

Il est important de souligner que la recherche interculturelle promue par le FIMI rompt avec le paradigme traditionnel de la méthode de recherche scientifique où il y a un sujet menant la recherche et un sujet-objet à étudier.

La recherche interculturelle favorise un rôle actif des membres de la communauté dans les processus de recherche. Cela permet une plus grande sensibilité et une meilleure connaissance et internalisation des sujets à explorer. Les méthodologies utilisées sont très efficaces pour rassembler des éléments de preuve, car elles se basent sur des connaissances clés tirées du contexte local. De même, la recherche interculturelle permet de désapprendre la violence, en faisant appel à des principes de la cosmovision autochtone, mais aussi en remettant en question les éléments qui génèrent la violence.

Dans ce document, nous entendons rendre visibles les diverses dimensions et les formes émergentes de violences subies par les femmes autochtones dans divers environnements dont la famille, leurs communautés et d’autres espaces à l’échelle nationale.

Available only in spanish
Compartir: