Le FIMI décerne le « Prix du leadership » 2020 à trois organisations du Kenya, du Pérou et du Cambodge pour leur travail en matière de conservation de l’environnement et d’adaptation aux changements climatiques

En 2020, le prix a été dédié à la protection et à la conservation de la terre pour souligner que les Femmes autochtones, loin de se résigner à souffrir les conséquences de la crise climatique, se lèvent pour prendre action et offrir des solutions transformatrices locales aux problèmes qui ont des répercussions à l’échelle mondiale. Les trois organisations primées œuvrent comme gardiennes de l’environnement et des ressources naturelles pour toute l’humanité. Elles proposent des moyens de vivre en harmonie avec la Terre-Mère.

Le « Prix du leadership » est une initiative du Forum international des femmes autochtones (FIMI) qui, depuis 2013, vient avec un prix en argent pour récompenser publiquement des Femmes ou des groupes de Femmes autochtones. L’idée du prix est née pour « montrer au monde que les Femmes autochtones sont des agentes de changement et des gardiennes de la vie; non seulement de la nôtre, mais aussi de toute la vie de l’univers », a souligné Teresa Zapeta, directrice générale du FIMI, lors de la cérémonie qui s’est tenue le vendredi 21 mai 2021, en mode virtuel à cause de la pandémie.

Cette fois, le Groupe des Femmes Paran du Kenya (Afrique), le Conseil Aguaruna Huambisa (CAH) du Pérou (Amérique latine et Caraïbes) et le Groupe de travail des femmes autochtones du Cambodge (Asie) ont été reconnus pour leur persévérance, leurs efforts collectifs et leur leadership dans le travail pour que les forêts restent des forêts, que l’eau de pluie continue de donner la vie et que les entreprises extractives restent en dehors de leur territoire.

Le Groupe de Femmes Paran (Kenya)

Le Groupe de Femmes Paran du Kenya est une organisation qui rassemble 24 groupes de Femmes autochtones du comté de Narok pour résoudre conjointement les différents défis auxquels elles sont confrontées sur le continent africain. Le groupe a été créé en 2005 pour résoudre le problème de pénurie d’eau dans la région en raison de la déforestation de la Mau Forest, considérée comme un bassin versant pour tout le pays, et des changements climatiques. « L’union fait la force des Femmes Paran », souligne Naiyan Kigaplat, présidente de l’organisation.

C’est ainsi que les Femmes autochtones ont commencé à reboiser les versants de la Mau Forest où elles vivent, en créant des pépinières forestières et en plantant des arbres autochtones, médicinaux et fruitiers. Le tout, à travers des activités qui contribuent à la conservation de la Terre Mère et à l’adaptation aux changements climatiques. La fabrication de charbon végétal à partir de déchets forestiers pour éviter de couper des arbres pour le bois de chauffage; l’installation de jardins maraîchers écologiques et durables en plantant des cultures qui demandent moins d’eau; et la mise en place d’un système de collecte de l’eau pour éviter son gaspillage sont quelques exemples de leurs activités.

En même temps, toutes ces activités garantissent la sécurité alimentaire des femmes autochtones et de leurs communautés, en plus de contribuer à leur indépendance et à leur autonomie économique. Le groupe Paran a également organisé des ateliers et des formations dans tout le comté pour sensibiliser les Femmes autochtones à l’importance de conserver la terre et de lutter pour leurs droits, partageant des pratiques exemplaires avec d’autres communautés autochtones pour que le changement se propage dans tout le pays.

Conseil Aguaruna Huambisa (Pérou)

Le Conseil Aguaruna Huambisa (CAH) est une organisation autochtone de l’Amazonie péruvienne. Il regroupe 50 groupes des communautés awajún et wampis installées autour de cinq bassins des provinces de Condorcanqui et de Bagua. Fondé en 1977, le CAH a été la première organisation autochtone capable de rassembler les peuples awajún et wampis sous une même unité d’action et une même identité politique pour défendre leurs terres et leur territoire contre l’invasion d’acteurs externes et l’extraction de leurs ressources naturelles. Le CAH fait partie de l’ORPIAN, l’Organisation régionale des peuples autochtones de l’Amazonie du nord du Pérou, et de l’AIDESEP, l’Association interethnique pour le développement de la jungle péruvienne, qui regroupe 64 peuples autochtones de l’Amazonie péruvienne.

En 2017, le CAH a nommé Raquel Caicat comme présidente. C’est ainsi que, pour la première fois en 40 ans d’histoire de l’organisation, une femme autochtone a occupé ce poste. Le leadership de Raquel Caicat marque également le succès d’un processus de lutte au sein même des organisations autochtones pour inclure les femmes autochtones dans les postes de prise de décision et de participation politique.

De plus, Raquel Caicat a prisé une vision plus harmonieuse de la lutte pour la terre basée sur l’occupation du territoire, à travers des plantations intégrales de cacao, d’arachide, de maïs, de banane et d’autres légumes, ainsi que l’élevage d’animaux et l’installation de fermes piscicoles pour remédier à la pénurie de poissons causée par la pollution des eaux fluviales. Comme l’explique Raquel Caicat, « mieux vaut occuper et travailler la terre que crier et se lamenter ». Ces actions ont engagé les Femmes autochtones dans la lutte collective de la communauté pour le territoire.

Groupe de travail des Femmes autochtones du Cambodge 

Le Groupe de travail des Femmes autochtones du Cambodge (CIWWG pour son sigle en anglais) est une organisation qui regroupe 57 femmes autochtones de différentes communautés pour faire face conjointement aux problèmes liés aux violations des droits relatifs à la terre et aux territoires.

Au Cambodge, la plupart des communautés autochtones n’ont pas de titres de terres communales. L’État accorde aux entreprises des concessions foncières à des fins économiques, empêchant les femmes autochtones, chargées de cultiver la nourriture pour la famille, de disposer de terres pour assurer leur subsistance.

Le CIWWG est donc né pour offrir un appui mutuel à travers le processus d’enregistrement et de titrage des terres communales. Comme le dit Sreymom Choeun, présidente de l’organisation, « si nous parvenons à obtenir les titres des terres communales, les entreprises ne pourront pas y accéder, car nous aurons un certificat avec lequel revendiquer nos droits auprès du gouvernement ».

Le CIWWG mène également des campagnes de sensibilisation auprès des Femmes autochtones sur leurs droits et organise des événements pour promouvoir la culture et l’identité autochtones dans le but de mettre fin à toutes les formes de discrimination.

L’appel de candidatures pour le Prix du leadership 2021 sera lancé à partir de la mi-juin. Le thème de cette édition sera axé sur les pratiques communautaires pour faire face à la COVID-19.