Bien que les Femmes autochtones subissent les pires conséquences de la crise climatique, leurs voix sont trop souvent ignorées dans la lutte contre les changements climatiques. Pour renverser cette tendance, des Femmes autochtones de différentes régions ont assisté à la COP27.
Dans la communauté autochtone Magar au Népal, on dit que le dieu Serpent punit quiconque coupe un arbre près d’une source d’eau et pollue celle-ci. Comme beaucoup de nos peuples autochtones, cette communauté dépend entièrement de la nature, de sa culture et de ses croyances spirituelles. La communauté Magar possède des connaissances ancrées dans la nature qui sont directement liées à la préservation de la biodiversité et à la résilience climatique. Les forêts et le système de redistribution de ses bienfaits sont protégés et réglementés par des lois et politiques créées par des institutions qui constituent leur gouvernement autonome, appelé Bheja. Dans son mandat de conservation et de protection de la forêt, Bheja accorde une attention particulière aux ressources en eau, aux herbes médicinales, à la vie et aux plantes comestibles sauvages.
Kamala Thapa Magar fait partie de la communauté Magar et est également l’une des leaders autochtones qui se sont rendu à la 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques en 2022 (COP27) avec la délégation du FIMI, composée de 7 leaders autochtones de différentes régions venues faire entendre leur voix en ce qui concerne la crise climatique : Kamala Thapa, Jenifer Tanchangya, Tarcila Rivera Zea, Lucy Mulenkei, Aminatu Gambo et Nadia Fenly. En tant que mouvement autochtone, l’objectif de notre participation était de partager et de mettre en valeur le rôle des Femmes autochtones dans le débat sur l’environnement et le territoire avec des approches durables. Pour sa part, le FIMI cherchait également à faire connaître les espaces et mécanismes de plaidoyer et de participation afin que ces Femmes autochtones et d’autres encore puissent continuer à communiquer leurs connaissances à partir de leurs propres perspectives et visions.
Événements préparatoires
La participation des Femmes autochtones à la COP 27 a commencé avec la huitième réunion du groupe de travail d’animation de la Plateforme des communautés locales et des Peuples autochtones (LCIPP), du 1er au 4 novembre. A suivi la réunion préparatoire du Forum international des Peuples autochtones sur les changements climatiques (IIPFCC), qui a eu lieu les 5 et 6 novembre. Ces réunions ont porté sur la mitigation, l’adaptation, le financement et la collaboration dans la lutte contre les changements climatiques depuis une perspective autochtone. Au cours de deux semaines, les participantes se sont engagées dans une série de négociations, d’événements parallèles et de débats.
Culture, genre et résilience : récupérer divers systèmes de connaissances
Cet événement tenu le 15 novembre visait à souligner le rôle essentiel des femmes dans le transfert intergénérationnel du patrimoine culturel, ainsi que l’immense potentiel des arts, de la culture et du patrimoine pour ouvrir des possibilités d’adaptation et de mitigation climatiques inclusives. La séance a porté principalement sur trois concepts liés à la résilience : le rôle des femmes en tant que gardiennes de la culture (tangible et intangible); les femmes comme agents clés du changement dans l’action, l’adaptation et la mitigation climatiques; et les femmes qui utilisent l’art et la culture comme outil de transformation pour générer une prise de conscience et encourager l’action climatique. L’événement a mis en lumière l’importance de reconnaître les savoirs ancestraux et leurs usages liés à la nature, aux plantes et au monde andin; ces savoirs doivent être étudiés, préservés et diffusés aux niveaux local, national et international.
l a également été question des rôles multiples des femmes dans l’autoconstruction de leur habitat, puisque le genre joue un rôle important dans les comportements pro-environnementaux dans la gestion des matériaux de construction. De plus, par leurs actions quotidiennes, les femmes mettent en pratique des stratégies qui protègent les constructions contre la pluie, les insectes et l’usage Un autre élément qui s’est démarqué est que les changements climatiques ont un impact différencié selon le genre, et que l’action climatique doit donc être sensible au genre. Le sujet de la relation entre les femmes et l’environnement a aussi été abordé : les femmes sont certes affectées par les changements climatiques, mais le plus important est d’observer comment elles réagissent à ces changements. Bien que les femmes soient les dépositaires d’une foule de connaissances sur la façon de s’adapter aux changements climatiques, elles ignorent souvent le pouvoir que ces connaissances peuvent avoir dans les arènes nationales et mondiales où l’on discute des changements climatiques.
Culture et biodiversité : Application des connaissances et des pratiques traditionnelles pour soutenir l’objectif de biodiversité 30×30..
Cet événement, tenu le 16 novembre en collaboration avec le Climate Heritage Network et Julie’s Bicycle, portait sur les thèmes suivants : art, culture, antiquités et patrimoine. L’événement a mis l’accent sur la culture et la résilience des Peuples autochtones pour la restauration des écosystèmes. L’événement a également mis en évidence les possibilités de reconnaissance des contributions des Peuples autochtones et des communautés locales à la conservation de la biodiversité, en se basant sur leur autodétermination et leur consentement libre, préalable et éclairé.
Il a aussi été question de l’intégration des cadres internationaux avec les perspectives des communautés autochtones. En ce sens, d’après Tarcila Rivera Zea, présidente du FIMI, lorsqu’un territoire est déclaré aire protégée, il faut tenir compte non seulement de la terre, des arbres et des animaux, mais aussi des Peuples autochtones qui l’habitent. Il a ainsi été souligné que, grâce à leurs connaissances traditionnelles, les communautés autochtones ont les solutions pour imaginer et réaliser un avenir juste et résilient face aux changements climatiques, en minimisant les émissions de carbone. Par exemple, dans les communautés autochtones de Malaisie, on pratique le système « Tagal » : zone interdite (zones de rivières); zone rouge (élevage de poissons); zones orange et jaune (récoltes parfois possibles); zone verte (ouverte) GOMPI GUNA. Ce système gouvernemental est reconnu comme un amendement en Malaisie et vise à protéger et à reconstituer avant de penser à récolter. À cet égard, Lucy Mulenkei, directrice générale du Réseau d’information autochtone et vice-présidente du FIMI, a souligné : « Nous voulons passer à l’action dès maintenant! Les communautés autochtones doivent s’unir et travailler ensemble.
La séance a donné lieu à des discussions sur l’impact positif que la baisse du tourisme en raison de la pandémie a eu sur certains écosystèmes, comme ceux du Kenya : plutôt que de nuire à ces communautés résilientes, l’absence de tourisme a permis un retour de la faune. Les Peuples autochtones ne croient pas à la mercantilisation de ce qui est sacré. Nous devons passer du paradigme occidental de la conservation à celui du « retour des terres (Land Back en anglais) et de la gestion holistique du territoire ». Julia Bernal, directrice générale de Pueblo Action Alliance.
A également été soulignée l’importance de prêter attention au patrimoine et aux connaissances des communautés en établissant un pont entre le système intergénérationnel et l’intégration dans le système scolaire, tout en enseignant aux jeunes la richesse de la diversité alimentaire. Il faut regarder la nature sans se demander combien elle vaut, car la biodiversité est bien en nous! », a partagé Jenifer Lasimbang, coordinatrice nationale de JOAS, le réseau des Peuples autochtones de Malaisie. Les langues autochtones sont essentielles pour protéger ces connaissances traditionnelles, qui font partie du patrimoine culturel. « Nous croyons au pouvoir de la culture, des arts et du patrimoine pour imaginer et réaliser un avenir juste et résilient, à faibles émissions de carbone », a déclaré Andrew Potts, coordinateur du Climate Heritage Network.
Les Peuples et les Femmes autochtones ne seront pas laissés pour compte
La crise climatique provoquée par le modèle de développement occidental nous affecte directement, Cependant, nos États font la sourde oreille à nos doléances. C’est pourquoi il est si important que les Femmes autochtones prennent leur place dans les espaces décisionnels internationaux. Notre perspective axée sur le bien-vivre, le maintien d’une relation symbiotique entre les êtres humains et la nature, les écosystèmes et la biodiversité est ce dont nous avons besoin.
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