Brasilia, Brésil, 11 septembre 2023. Le premier jour de la Marche des Femmes Autochtones - Femmes Écosystème en Défense de la Biodiversité à travers les Racines Ancestrales a déjà montré la puissance du mouvement qui transforme le Brésil.

Les quelque 4 000 femmes qui campent sur la place Funarte dans la capitale du pays, répondant à l’appel du réseau Articulación Nacional de Mujeres Indígenas Guerreras Ancestrales (ANMIGA) et provenant des six biomes qui caractérisent le territoire brésilien, ont commencé la journée au rythme de danses et de chants percutants. Elles ont ainsi présenté les délégations qui sont venues dire à l’État « Jamais plus de Brésil sans compter sur les femmes autochtones », pour reprendre les propos de l’une des intervenantes. 

Cette marche en est à sa troisième édition. Sous l’égide d’ANMIGA, du ministère des Peuples autochtones, du Forum international des femmes autochtones (FIMI) et d’Indigenous Peoples Rights International (IPRI), une délégation composée de 22 femmes autochtones originaires des six régions du monde – Asie, Amérique Latine, Afrique, Arctique, Pacifique et Amérique du Nord – est venue montrer sa solidarité avec les femmes autochtones du Brésil, qui jouent un rôle exemplaires par leur présence au Congrès national, au sein du pouvoir exécutif mais aussi dans la rue. 

« Je viens du peuple Sámi en Arctique. Il est important que nous participions nous aussi à la Marche des femmes autochtones au Brésil. C’est l’occasion pour les sœurs autochtones du monde entier de resserrer leurs liens et d’échanger des idées afin de continuer à renforcer les droits des Autochtones dans l’ensemble du globe », a déclaré Pirita Näkkäläjärvi, membre du Parlement Sámi en Finlande. 

Originaires de tous horizons, les délégués ont réaffirmé leur solidarité avec les femmes autochtones du Brésil et ont souligné les points communs entre leurs luttes en tant que filles et fils de la Terre, contre la violence et en faveur de la vie et de la biodiversité. 

À midi, une foule s’est présentée au Congrès national : plus de cinq cents femmes autochtones s’y sont donné rendez-vous pour soutenir la députée fédérale autochtone Célia Xakriabá. Celle-ci est la première députée fédérale autochtone élue à Minas Gerais. Elle a rendu hommage à la Marche et a présenté une initiative législative destinée à protéger les femmes et les filles autochtones contre la violence à leur égard et à l’encontre de leurs territoires, en présence de Joenia Wapichana, la présidente de la Fundación Nacional del Indio (FUNAI), et de Braulina Baniwa, directrice exécutive d’ANMIGA. 

Pendant ce temps, les participantes ont tenu des discussions thématiques par biome ou écosystème, sur l’urgence climatique, la biodiversité et la reforestation. 

La délégation internationale s’est rendue au Conseil national de la justice pour échanger des expériences sur l’accès des peuples autochtones à la justice, notamment en ce qui concerne les atteintes aux droits humains, la criminalisation, la persécution et les préjudices subis par les femmes autochtones. Les magistrats ont évoqué leurs efforts pour établir un observatoire des droits humains pour les peuples autochtones, ainsi que la traduction de la Constitution dans les langues autochtones. La délégation internationale a souligné l’intérêt de la Recommandation générale 39 de la CEDEF sur les femmes et les filles autochtones en tant qu’instrument précieux à utiliser.

Dans le cadre de la présentation d’une brochure contre la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones, Puyr Tembé, Secrétaire chargée des peuples autochtones du Pará, a souligné que le Brésil recense plus de 1,6 million d’Autochtones et plus de 365 peuples différents. En dépit de cette diversité, ils présentent tous des points communs, dont font malheureusement partie la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones et le racisme à leur encontre. Puyr Tembé a affirmé que les femmes autochtones comptent poursuivre leurs efforts de résistance et de construction de la non-violence à travers le culte de la mémoire et des ancêtres. « Une ère nouvelle est en train de voir le jour, où nous ne tolèrerons pas la violence, où nous allons la combattre. Nous allons dire "non" à la violence contre nous, contre notre seule existence. Nous voulons être respectées en tant que femmes guerrières, femmes de pouvoir, femmes qui construisent des rêves », a-t-elle déclaré.

Cristina Coc, coordinatrice du plaidoyer à IPRI, qui a publié la brochure en coopération avec ANMIGA, a souligné que cette organisation internationale s’engageait à poursuivre son soutien à ses organisations partenaires : « Nous voulons toujours être à vos côtés pour travailler ; vous savez prendre les rênes à votre propre façon ».